L’énigme résolue des sons mystérieux de l’océan

Toc toc ! Qui est là ? C’est le rorqual de Bryde !

rorqual de Bryde

Si dans l’espace personne ne vous entend crier, dans le fond des océans, les sons circulent, peuvent être enregistrés mais demandent parfois plusieurs années avant d’être identifiés. 

C’est ainsi que le mystère d’un bruit inconnu dans l’archipel des Mariannes semble enfin résolu. En 2014, des sons graves suivis d’échos métalliques ont été enregistrés, détectés lors d’une étude acoustique au-dessus de la fosse des Mariannes, au large de la côte de Guam. Les scientifiques les ont appelés « Biotwangs » (quelques secondes à écouter ici).  

Les premières hypothèses se sont orientées vers des chants de baleines sans pour autant réussir à déterminer l’espèce à l’origine de ces sons. Sans preuve visuelle, difficile de dire qui en était l’auteur car les scientifiques identifient la source en voyant l’animal produire son chant ; autant dire comme Ann Allen, chercheuse-océanographe de la NOOA et co-autrice de l’étude que « cela demande beaucoup de temps, beaucoup d’effort et pas mal de chance ». 

C’est donc en s’armant de patience que les scientifiques ont résolu l’énigme. En observant les baleines évoluant au large des îles Mariannes, près de la fosse du même nom dans le Pacifique nord, les scientifiques ont repéré des rorquals de Bryde en dix occasions et neuf fois, ils ont entendu les biotwangs. « Une fois, il s'agit d'une coïncidence », explique Ann Allen. « Deux fois, c'est un hasard, neuf fois, c'est sans aucun doute un rorqual de Bryde. » 

L’IA pour identifier les baleines et aussi les protéger ? 

Une fois la baleine identifiée, les scientifiques ont cherché à savoir où ces sons spécifiques avaient pu être entendus auparavant. Un travail titanesque d’analyse en perspective puisque plus de 200 000 heures d’enregistrement audio figuraient dans la base de données de la NOOA. Les scientifiques se sont alors associés à Google pour utiliser ses outils d’intelligence artificielle qui ont été « formés » à la recherche de certaines fréquences. 

L’étude a ainsi montré que ce groupe de rorquals de Bryde forme une population distincte et a indiqué leur localisation sur plusieurs années. En 2016, par exemple, les baleines ont été repérées dans le nord-ouest des îles Hawaïï parce que la localisation de leur nourriture avait changé, suite à un épisode El Niño. 

En croisant, grâce à l’IA, les données liées à la fréquence des déplacements et à la localisation des baleines avec « les facteurs climatiques et environnementaux » souligne Lauren Harrell de Google, qui a participé à l’étude, on pourra affiner les actions de préservation de ces mammifères marins. 

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