Cuivre, cobalt et oxygène noir, les super-pouvoirs des nodules polymétalliques
Découverte d’un « oxygène noir » dans les profondeurs de l’océan.
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Décidément, l’exploration des abysses ne cesse d’étonner et d’apporter de nouvelles découvertes ! Dernière en date, la découverte d’un « oxygène noir » produit par les nodules polymétalliques, dans les plaines abyssales de l’océan Pacifique.
Les nodules polymétalliques, des « batteries » dans les profondeurs
Des scientifiques ont découvert que les nodules polymétalliques, ces concrétions minérales qui contiennent des métaux rares comme le nickel et le cobalt pouvaient agir comme des piles électriques et par électrolyse de l’eau, séparer les molécules en hydrogène et oxygène.
Cette réaction chimique est provoquée par le regroupement des nodules qui produit une tension électrique permettant l’électrolyse.
Cette découverte résulte d’une étude menée par des chercheurs de l’Association écossaise pour les sciences marines (SAMS) qui ont effectué des prélèvements de sédiments et nodules dans la plaine abyssale de la zone de fracture géologique de Clarion-Clipperton, à plus de 4 000 m de profondeur.
Une nouvelle origine de la vie sur Terre ?
Ces travaux ont été financés par les entreprises The Metals Compagny et UK Seabed Resources. Celles-ci souhaitent exploiter les grands fonds marins et prélever ces nodules dont la composition en métaux (manganèse, nickel, cobalt) servirait à la production de batteries pour les véhicules électriques, les panneaux photovoltaïques ou encore les téléphones portables.
L’objectif de cette campagne était d’évaluer l’impact de la prospection minière sur cet écosystème particulier dont l’exploration rapporte régulièrement l’existence d’espèces nouvelles et uniques.
Le professeur Andrew Sweetman qui a conduit cette étude affirme à présent qu'il est nécessaire d'approfondir les recherches sur la production d'"oxygène noir" au cours des études sur l'extraction minérale en eaux profondes.
Car la découverte de la production d’oxygène dans un milieu sans lumière et donc sans photosynthèse interroge « la manière dont est apparue la vie sur Terre » rapporte Nicholas Owens, directeur de la SAMS.
« Le point de vue conventionnel est que l'oxygène a été produit pour la première fois il y a environ trois milliards d'années par d'anciens microbes appelés cyanobactéries et que la vie complexe s'est développée progressivement par la suite, nous dit Nicholas Owens, « La possibilité qu'il y ait eu une autre source d'oxygène nous oblige à repenser radicalement la situation. »
Cette découverte apparait dans un contexte particulier de discussions et de négociations au sein de l’AIFM sur l’avenir des grands fonds marins et de l’exploitation potentielle de ses ressources minières et au cours desquelles s’opposent les partisans d’un moratoire voire d’une interdiction d’exploitation aux partisans d’une exploitation des abysses.