Pourquoi parle-t-on d’abysses ?

L’étymologie grecque du mot abysses qui signifie « sans fond » renvoie au mystère et à l’inconnu qui entourent ce qui se passe sous la surface de l’océan. Longtemps considéré comme un gouffre insondable, ce n’est qu’en 1872 que part la première campagne britannique d’exploration océanographique menée sur le HMS Challenger et qu’une première mesure, à l’aide de cordes et de fil à plomb a été faite des profondeurs de l’océan. 

On découvre alors des profondeurs à plus de 8 000 mètres et le point le plus profond de l’océan, la fosse des Mariannes. Un pan de voile est levé sur les abysses !

Cependant, en 2024, plus de 150 ans plus tard, on connait mieux la surface de la Lune que la cartographie des grands fonds marins. 

Pourquoi ? Parce que de nombreuses contraintes accompagnent l’exploration des abysses. Les grands fonds marins à partir de 1 000 mètres révèlent des paysages de volcans sous-marins, de montagnes, de plaines, de fosses et de la plus longue chaîne montagneuse du globe qui restent difficile d’accès. 

En effet l’obscurité et surtout la pression qui s’accentuent au fil de la descente limitent l’accès des hommes et femmes aux grandes profondeurs. Ce n’est qu’en 1960 que les premiers hommes sont descendus dans la fosse des Mariannes à près de 11 000 m de fond à bord du bathyscaphe Trieste. 
 

Mais cette première expédition a révélé ce qu’on ne soupçonnait pas : une vie animale à cette profondeur. 

Jacques Piccard et Don Walsh, les deux pionniers des abysses ont aperçu lors de leur plongée des crevettes et un poisson plat inconnu. Le monde des abysses, hostile et obscur, pouvait être un lieu de vie marine. 

Les explorations scientifiques suivantes ont découvert en 1977 les cheminées hydrothermales autour desquelles une vie foisonnante s’est développée, sans aucun apport de lumière.
 

Bien qu’encore largement inconnus, les abysses souffrent déjà des activités humaines et un sac plastique a été retrouvé dans la fosse des Mariannes. 

Ces écosystèmes à la biodiversité vulnérable doivent faire l'objet d'une mobilisation internationale pour leur sauvegarde. 

Crédit photo: Ifremer