Protéger l’océan : les priorités de la France avant la Conférence de l’UNOC3 à Nice

Ces 30 et 31 mars s’est tenu à Paris SOS Océan, un grand événement de mobilisation autour des enjeux de l’Océan. Emmanuel Macron a prononcé un discours de clôture ciblant 8 objectifs essentiels en vue de l’UNOC 3, la prochaine conférence des Nations Unies sur l’Océan qui se tiendra à Nice début juin. 

Faisant suite à un appel à la mobilisation relayé par l’acteur Harrison Ford, le président de la République a rappelé son fort attachement aux sujets relatifs à l’Océan. Remerciant la fondation Oceano Azul, organisatrice de cet événement, il a salué le parterre d’officiels, de scientifiques, d’explorateurs, d’activistes et militants venus partager en nombre leur engagement en faveur d’un océan durable et en bonne santé. 

Conscient de l’urgence d’agir, Emmanuel Macron souhaite des mesures concrètes, selon 8 thématiques majeures : 

"J'en appelle à tous les Etats, qu’ils soient côtiers ou sans façade littorale d'ailleurs, de rendre possible un espace de gestion durable de la haute mer et de ses ressources."

Les eaux internationales ne doivent plus être une zone de non-droit. Le Traité sur la préservation de la biodiversité au-delà des juridictions nationales, dit BBNJ, a été adopté le 19 juin 2023. Pour qu’il soit mis en place, il faut que 60 pays le ratifient. A ce jour, seulement 21 pays l’ont fait. L’UNOC 3 pourrait donner l’élan nécessaire pour que les États membres suivent le mouvement. 

 "Si nous ne mettons pas fin à la surpêche au niveau mondial, nous faisons face à un risque majeur d'effondrement des stocks qui mettra en péril tous ceux qui vivent de ce métier mais aussi tous ceux qui dépendent en partie de la mer pour se nourrir."

Le président s’est félicité des mesures prises au niveau européen pour interdire la pêche électrique et l'utilisation des engins de fond dans les écosystèmes marins vulnérables. Il a également salué le travail commun déjà entamé entre pêcheurs et scientifiques dans l’attente qu’il se poursuive. 
Un point d’alerte : la pêche illicite et non déclarée. Un accord mettant fin aux subventions à la pêche illégale pourrait être ratifié à Nice. 

"Fixons-nous le but d'atteindre les 12% de protection de nos zones économiques exclusives voire les 15% d’ici l’UNOC."

Pour le moment seuls 8,5% des océans dans le monde sont considérés comme protégés. Quant à la France, elle participera à cet effort avec la création de deux nouvelles aires marines protégées et en renforçant le niveau de protection dans les aires déjà existantes.  

"J'attends avec impatience les résultats des négociations qui se tiennent à l'Organisation maritime Internationale." 

En 2024, les 175 membres de l’OMI ont pris l’engagement solennel d’atteindre la neutralité carbone vers 2050. Cette année, lors d’un comité qui se tiendra du 7 au 11 avril, ils doivent dévoiler leur plan d’action pour y arriver. Taxe carbone sur le transport des navires, transformation des flottes vers les carburants durables, électrification des ports… Autant de mesures qui constitueraient une véritable révolution pour le secteur maritime. 

"Là-dessus, soyons lucides les derniers grands rendez-vous internationaux ont été des déceptions." 

Le président Macron a insisté sur la poursuite des négociations sur le traité international contre la pollution plastique, mis en échec en décembre dernier par un groupe de pays producteurs de pétrole. De nouvelles négociations auront lieu au mois d'août à Genève et l’UNOC 3 pourrait servir d’accélérateur pour parvenir à un accord. 

"Nous devons passer d'une logique de compensation à une logique de régénération intégrée, et valoriser les services rendus par les écosystèmes marins dans les modèles économiques."

L'Océan est considéré comme un support crucial d'investissement (tourisme bleu, énergie, régénération, biotechnologie, transport, port et pêcherie durables). L’UNOC 3 et le Blue Economy and Finance Forum (les 7 et 8 juin) seront l’occasion de mobiliser ces financements. 

" J’ai confié à Christian Estrosi la mission de créer cette grande coalition des villes et régions affectées par le sujet de la montée des eaux."

Le maire de Nice accueillera, lors du sommet Ocean Rise & Coastal Resilience le 7 juin, 500 de ses homologues représentant quelques 800 millions de citoyens qui seront touchés d'ici la fin du siècle par les conséquences du réchauffement climatique. Son but : déclencher des coopérations et des mécanismes d'adaptation. 

"Il ne doit pas y avoir d'actions concernant l'Océan qui ne soient éclairées par la science."

En amont de l’UNOC 3 aura lieu le One Ocean Science Congress, congrès organisé conjointement par l’IFREMER et le CNRS. Cette conférence réunira 2000 scientifiques venant d'une centaine de pays. Les réflexions qui y seront données alimenteront les discussions lors de la conférence des Nations Unies. 
Emmanuel Macron a également rappelé que la France s’est prononcée contre l’exploitation minière des fonds marins, suivant ainsi les recommandations de la communauté scientifique. « On doit connaître, on doit comprendre et on doit protéger et ensuite on pourra créer un cadre quel qu'il soit », a-t-il affirmé. 

Ces axes de mobilisation sont d’autant plus cruciaux dans un contexte mondial de désinformation et de réaffirmation des intérêts privés en dépit du bien commun. « Il n'y a pas de planète B. On va tout faire et continuer de se battre pour la rendre vivable. Vivable c'est permettre de tenir cet ordre international respectueux d'un humanisme éclairé mais c'est aussi apprendre à vivre avec la planète, la nature, sa diversité, et le faire dans la durée c'est aussi apprendre à la connaître et c'est ça ce sommet de l’UNOC. » 

Image extraite de la retransmission du discours sur la page Youtube de l’Elysée.