Qu'est-ce que la haute mer ?
Haute mer ou eaux internationales ? Où commence la haute mer ? A qui appartient-elle ? En quoi est-elle importante pour l’être humain ?
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Essayons d’en apprendre un peu plus sur la haute mer qui représente la moitié de la surface du globe.
Tout d’abord, qu’est-ce que la haute mer ? et où commence la haute mer ?
On désigne par haute mer la zone maritime qui se situe au-delà des zones qui relèvent de la juridiction des États.
- Les eaux territoriales s’étendent de la ligne de base à 12 milles marins. (1 mille marin = 1,852 km)
- Au-delà et jusqu’à 200 milles (370 km) s’étend la ZEE ou zone économique exclusive. Sur cet espace maritime, l’état riverain côtier peut exploiter et utiliser les ressources de l’eau, du fond de la mer et du sous-sol comme bon lui semble.
- La haute mer forme les eaux internationales.
Elles n’appartiennent à personne et sont sous la responsabilité de tous !
- La haute mer occupe la moitié de la surface du globe et représente 65 % de la surface des océans et 90 % de leur volume.
- En haute mer on distingue la colonne d’eau et le fond de la mer, appelé la Zone, qui comprend le sol et le sous-sol. Les ressources de la Zone sont considérées comme patrimoine commun de l’humanité. C’est l’Autorité internationale des fonds marins (ISA ou International Seabed Authority) qui y règlemente la prospection et l’exploitation minière tout en veillant à protéger l’environnement.
Le saviez-vous ? La France possède le deuxième domaine maritime mondial, après les États-Unis. Cela représente plus de 10,2 millions de km² grâce aux territoires outremer (Polynésie française, Nouvelle Calédonie, Terres australes et antarctiques).
Quel est le statut de la haute mer ?
Si la haute mer n’appartient à personne, existe-t-il cependant une réglementation ? Une gouvernance ? Ou est-ce le « far west » en plein océan ?
La haute mer est une zone commune à l’ensemble des pays du globe. Personne ne peut la revendiquer ou y exercer sa souveraineté.
C’est le principe de liberté des mers qui s’applique à la haute mer.
Cela permet :
- une liberté de navigation,
- de survol,
- de pose de câbles et pipe-lines sous-marins,
- la création d’îles artificielles autorisées par le droit international,
- de pêche et de recherche scientifique.[2]
Cependant une première conférence des Nations unies sur le droit de la mer s’est tenue à Genève en 1958. Plusieurs conventions ont été adoptées afin d’aboutir à un traité international qui réglementent les affaires maritimes et les compétences des États sur les espaces maritimes.
Ce traité c’est la Convention sur le Droit de la Mer de Montego Bay adoptée en 1982. Elle entre en vigueur en 1994 et a été ratifiée depuis par 168 états signataires dont la France en 1996. C’est dans cette convention que l’on trouve le principe de la Zone économique exclusive.
Pourquoi cet intérêt pour la haute mer ?
Au-delà du potentiel que représente la haute mer en matière économique par exemple, la haute mer est essentielle à la vie sur Terre car elle est à la base des équilibres planétaires.
Sans l’océan, la vie ne serait pas possible. Tout est lié : l’océan, l’atmosphère et les terres émergées.
- Les êtres vivants dépendent de l’océan pour la régulation du climat et le cycle de l’eau.
- L’océan produit plus de 50 % de l’oxygène que nous respirons.
- Il stocke plus de 90 % de l’excès de chaleur provoqué par le réchauffement climatique lié aux activités humaines.
- ll stocke plus de 90 % de l’excès de chaleur provoqué par le réchauffement climatique lié aux activités humaines.
- 25 % du gaz carbonique issu des activités humaines est absorbé par l’océan.
- Le phytoplancton contribue à l’absorption du CO2. Le carbone est stocké et se dépose au fond des océans, s’accumulant dans les sédiments.
- L’océan rend des services inestimables grâce aux activités humaines qui peuvent y être développées comme la pêche, les transports de marchandise et les communications avec les câbles sous-marins.
- L’océan est la première source de protéines pour 3 milliards d’êtres humains et 90 % des marchandises nous arrivent par la mer !
Qu’y a-t-il sous la surface de la haute mer ?
Cette méconnaissance n’empêche pas la convoitise car le potentiel de la haute mer est immense : entre autres, ressources vivantes, ressources minérales, nouvelles molécules.
Même si l’on sait que les ressources de l’océan ne sont pas infinies, l’UICN estime qu’il existerait entre 500 000 et 100 millions d’espèces peuplant les océans et seules environ 250 000 espèces ont été répertoriées.
De plus les grands fonds marins comme les plaines abyssales ou les fosses océaniques sont des lieux extrêmes où la vie marine arrive néanmoins à se développer, autour notamment des cheminées hydrothermales, où la température peut atteindre les 400 degrés.
Les capacités d’adaptation des espèces témoignent de l’immense diversité biologique existant en haute mer.
En 2030, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoit que les profits générés en mer seront supérieurs à ceux générés sur terre.
Quel est le potentiel de la haute mer?
- On pêche en haute mer, on y transporte 90 % des produits du commerce international, on y pose des câbles sous-marins par lesquels transitent nos communications téléphoniques ou Internet.
- Les ingénieurs cherchent à exploiter l’incroyable puissance des vagues et des courants afin de disposer d’une énergie renouvelable et propre.
- Les grands fonds marins abritent des minéraux et des terres rares indispensables à nos technologies et font déjà l’objet de prospections.
- Le recensement de la biodiversité a pour objectif de découvrir de nouvelles molécules qui seront à l’origine des médicaments et d’innovation notamment dans le domaine de l’industrie chimique. Le nombre de brevets issus des ressources génétiques marines croît de manière importante.
Pourquoi protéger la haute mer ?
Le défi de ce siècle est la préservation de la biodiversité et des équilibres naturels en haute mer. Des négociations sur la protection de la biodiversité des zones maritimes situées au-delà des juridictions nationales sont en cours au sein des Nations unies depuis 2018.
La 4e session des négociations se déroulera à New York du 7 au 18 mars 2022.
Qu’y a-t-il en jeu ? Les ressources de l’océan ne sont pas infinies et ces richesses ont besoin d’être préservées et d’être l’objet d’une exploitation et répartition éthique, durable et équitable.
La haute mer est affectée par les activités humaines : la surpêche, la pollution notamment aux microplastiques et le changement climatique provoquent des déséquilibres au sein des écosystèmes marins.
On a retrouvé des déchets plastiques dans la fosse des Mariannes, à 11 000 m de profondeur !
Les activités pratiquées à terre ont des conséquences sur l’océan et la haute mer. Alors comment gérer durablement la haute mer, avec la participation de tous ?
Une haute mer en bonne santé est vitale pour les sociétés humaines.